mardi, août 31, 2010

Concert final à La Roque-d’Anthéron

 
APOTHÉOSE ET BILAN À LA ROQUE
Concert final  du 30anniversaire du Festival international de piano de La Roque-d’Anthéron

22 août 2010

« Qu’est-ce qui est mieux qu’un piano ? » disait une amie pianiste. « Deux pianos ». Que dire alors de ces six pianos pour seize dieux pianistes jouant aussi à deux mains multipliées par douze ?
Soirée de liesse, de kermesse pianistique que ce concert anniversaire en clôture du 30anniversaire du Festival, transmis en direct sur Arte. Tour à tour à un, à deux, à trois, à quatre, à six pianos, à deux, à trois, à  quatre, à six, à douze pianistes, jusqu'à vingt-quatre mains sur les douze instruments, pour un feu d’artifice pianistique délirant, hilarant, d’une qualité aussi rare, malgré cette récréation finale que celle d’interprètes vétérans de la Roque ou tout jeunes venus.
Quelle brochette pour ce concert ! Dans l’ordre alphabétique et le désordre du talent en partage : Ido Bar-Shaï, les sœurs Bizjak (Lodija et Sanja), Bertrand Chamayou, Shani Diluka, Brigitte Engerer, Yaron Herman, David Kadouch, Edit Klukon, les sœurs Kodama (Momo et Mari), Adam Laloum, Jean-Frédéric Neuburger, Anne Queffélec, Dezsö Ránki, Emmanuel Strosser, dirigés à trois reprises par  Christian Zacharias à la tête de l’excellent Orchestre de Chambre de Lausanne.


Tout serait à retenir de ce fastueux final de festival, des taquines et ludiques Improvisations à quatre mains de Yaron Herman défiant Jean-Frédéric Neuburger, de la cocasse pochade de J. Castarède, Ménage à trois, sur un banc étroit sur lequel, Strosser, le mari, et Neuburger, l’amant, se disputent la place et une Brigitte Engerer en sandwich. Mais les sommets de toutes ces admirables exécutions furent, dirigés avec grâce et humour par Zacharias, les remarquables transcriptions pour six pianos et douze pianistes commandées à M.-O. Dupin : celle de l’Ouverture de Maîtres chanteurs de Wagner, véritable épure, dissèque sans dessécher l’architecture polyphonique de l’œuvre, permettant d’apprécier le tuilage harmonique subtil ; celle de l’ouverture des Noces de Figaro de Mozart, interprétées d’abord à l’orchestre, rendait visibles autant qu’audibles les jubilants motifs, feux follets courant comme un frisson d’un piano à l’autre de cette Folle journée dont cette folle nuit n’était pas indigne.
Bonheur de voir toutes ces mains sur tous ces claviers, cette variété d’expression des divers artistes dans un même feu interprétatif et,  malheureusement absent sur l’écran d’Arte, tous ces pianos, sagement rangés au fond de la scène comme un docile troupeau au dos luisant, attendant leur tour pour d’être diversement rangés par le mouvement des techniciens, et la danse des cameramen et la ronde de la caméra tournante d’Arte.
Bref, ce festival est un trentenaire bien juvénile. Son anniversaire a été fêté par 85 850 spectateurs et 450 artistes, dont 81 pianistes, 3 clavecinistes, 3 organistes et 2 piano-fortistes, 6 orchestres,  2 danseurs, 1 chanteuse, 18 musiciens en résidence, qui se sont partagés 79 concerts payants et 18 gratuits, distribués dans 10 lieux divers. Les radios, les télévisions se sont jointes à l’événement, élargissant considérablement ce public déjà considérable. Joyeux et solide anniversaire.

Concert final du 30anniversaire du Festival international de piano de La Roque-d’Anthéron.
Programme : Bach, Castérède, Lizst/ Alabiev, Mozart, Poulenc, Ravel, Saint-Saëns, Wagner.

Pianistes : Ido Bar-Shaï, les sœurs Bizjak (Lodija et Sanja), Bertrand Chamayou, Shani Diluka, Brigitte Engerer, Yaron Herman, David Kadouch, Edit Klukon, les sœurs Kodama (Momo et Mari) Adam Laloum, Jean-Frédéric Neuburger, Anne Queffélec, Dezsö Ránki, Emmanuel Strosser.
Orchestre de Chambre de Lausanne dirigé par Christian Zacharias.

Photos : Yves Bergé

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