mardi, juillet 14, 2009

IV e FESTIVAL DES MUSIQUES INTERDITES


ATHALIE
de Félix Mendelssohn, texte de Racine
Création en France
Théâtre Toursky, 10 juillet


Il y eut cette phrase : « Le Troisième Reich ne peut assumer la responsabilité de la musique de Mendelssohn […] cette musique est géniale mais en dépit de sa valeur musicale, elle n’est pas supportable pour un mouvement de culture raciste. »
Il y eut, au-delà de cette phrase d’un grand journal, les actes racistes, la mise à l’index par le nazisme des artistes, écrivains, peintres et musiciens dits « dégénérés », juifs ou tenants de la modernité, sans oublier d’illustres anciens, balayés, rayés de la carte culturelle. Et tous les autres, exclus, exilés pour les plus chanceux, ou exterminés pour les moins heureux, dans les camps.
Il y a cette volonté têtue de Michel Pastore, sous l’égide du Consulat d’Autriche à Marseille, avec à sa tête Jean-Léopold Renard, son Consul Général, de rendre honneur et dignité, et leur place souvent, à des musiciens perdus dans la Nuit et le Brouillard nazis ou d’autres fascismes, ou qui furent persécutés post-mortem comme Mendelssohn, par ce qui est devenu un Festival permanent de ces « Musiques interdites », permanence de la mémoire contre l’oubli, à vocation européenne.
Il y a donc cette Athalie (1845) que l’on découvre en France, sur des extraits dramatiques du texte de Racine, plus que « musique de scène », sorte d’oratorio pour orchestre, chœur et trio féminin de voix et quelques acteurs qui déclament sur la musique à la façon des mélodrames de Jiri Benda, si en faveur, après Rousseau, au XVIII e siècle.
Il y a l’Orchestre Philharmonique de l’Opéra de Marseille, sous la férule de Cyril Diederich, qui, à quelques flottements des cuivres près, rend sa couleur, sa force à cette musique dont l’élégance n’enlève rien au dramatisme. Il y a les superbes Chœurs Adfontes canticorum. Il y a, lumineuse, tendre, maternelle, angoissée, incarnant par sa belle voix chantée ou parlée Josabeth, Sandrine Eyglier, vraie tragédienne ; flanquée par le mezzo aux irisations d’émeraude d’Eugénie Danglade, qui dit aussi bien les vers qu’elle les chante ; il y a un second soprano, Simona Prochaskova, plus discrète. Il y a la magnifique surprise du grand baryton Jean-Philippe Lafont qui se paie ici le luxe d’être simplement acteur : largeur du timbre, noblesse de la déclamation, sens du phrasé racinien dont il sait moduler la musique, incarnant le grand prêtre Joad avec une grandeur tragique. Il y a William Mesguich, un peu passé en enfant Héliacin, et quelque peu dépassé par sa voisine partenaire Athalie.
Ah, Athalie… Il y avait, semble-t-il, Julie Depardieu dans ce rôle : texte en main, elle lit, ânonne, trébuche, inexpressive, inaudible au-delà du 5e rang de spectateurs chanceux. On en reste interdit.



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