lundi, mars 29, 2010

Valérie Duigou Gregorio


MUSIQUE ET PEINTURE
Exposition Valérie Duigou Gregorio,
Opéra d’Avignon

IL n’y a pas que dans la fosse d’orchestre, sur la scène, dans la salle de l’Opéra d’Avignon que la musique règne : les murs des galeries, sur trois étages, le foyer de ce théâtre néo-baroque et néoclassique s’ornent de tableaux, de tableautins, de diablotins (poupées russes, pantin, etc) qui disent une musique muette qui chante aux yeux. Charmante initiative de Charlyne Blaise, experte en la matière, qui a ouvert et couvert les murs des charmeuses créations de Valérie Duigou Gregorio qui se posent sans peser, tels d’oniriques papillons éthérés, sur ces surfaces qui semblaient les attendre. 
Une délicate fantaisie préside et prélude à cet ensemble : l’affiche, c’est ce pinceau-violoncelle qui, d’un sillage de notes en clé de sol, étreint et peint sans effacer ni étouffer la façade de l’Opéra-théâtre devenu crayon : crayon et pinceau, matière de l’ « œuvre » qui se dit, en italien : « opera ». Le violoncelle, à la forme et à la voix si humaines, y semble le motif musical récurrent : feuille de mûrier-violoncelle, avec des vers torsadés déjà de la soie, coquelicots enroulés autour du manche du violoncelle, répondant végétalement aux ondulations de l’instrument (« Musique botanique ») ; violoncelle-coquillage striés de notes ; violoncelle-corset de femme dont on aimerait bien pincer les cordes sensibles, serrées comme une Vénus pudique dans un triangle d’entre-jambe et cette délicieuse et délicate libellule suspendue dans les évanescences de la rêverie érotique et poétique.
Il y a aussi d’autres instruments : cet éventail-piano dont les lames déployée sont les touches ; cette irréelle et réaliste faïence de Delft d’où surgit la torsade verte qui pourrait être une clarinette, le pistil clarinettant de cette fleur, le bulbe ou bourgeon d’où fleurit la flûte. Une seule clarinette en fleur, mais hérissée d’épines évoque un risque. Tout le reste, tels ces instruments d’orchestre miniature, suspendus, dans des couleurs légères, transparentes, dans de tendres teintes, semble en attente du regard ouvert et refermé sur le rêve, comme  ces clés musicales en trousseau : clés des songes de solfège pour des elfes à l’échelle minuscule d’une nuit d’été shakespearienne.

Valérie Duigou Gregorio exposera tout le mois de juin au Conservatoire d'Avignon.

dimanche, mars 28, 2010

LA CENERENTOLA

V
Benito Pelegrín

LA CENERENTOLA
( Ossia La Bontà in Trionfo)
Musique de Gioacchino Rossini
Livret de Jacopo Ferretti


L’œuvre
Avatar cendreux de la Cendrillon de Perrault (1697), celle de Ferretti (1817), sans fée, sans citrouille, sans pantoufle de vair ou de verre (chassez ce pied que je ne saurais voir, remplacée, puritanisme bourgeois oblige, par un pudique bracelet) est cependant sauvée par les coloris de la partition, la féerie musicale d’un Rossini déchaîné, qui enchaîne ensemble sur ensemble des plus étourdissants et des airs vertigineux de virtuosité qui requièrent de tous les interprètes une technique à toute épreuve : le bel canto dans sa plus exaltante palette.


La réalisation
Venue du festival de Spoleto (non d’Italie, mais de Charleston, USA) cette production bénéficie de plus de la baguette de l’enchanteur Charles Roubaud pour la mise en scène et de ses habituelles fées comparses, Emmanuelle Favre pour le décor et Katia Duflot pour les costumes, d’un strict romantisme pour les hommes, troussés de traits fantaisistes pour les personnages fantasques, retroussés de plumets assez Grand Siècle, délicates couleurs pour les pécores et pimbêches sœurs, tandis que Cendrillon passera de la simple blouse et de la robe de cendre au tissu doré de son triomphe.
Un fauteuil à l’avant-scène côté jardin, un balai et un gros poêle côté cour sont les signes rémanents du conte dans cette noble demeure aux grands portraits de famille avec, en fond, dans un vaste cadre, comme une perspective de rêve princier, l’image nébuleuse du Palais Longchamp de Marseille, couronné de portiques antiquisants, vastes escaliers en demi-cercle encadrant les larges degrés en cascade échelonnés de statues qui, au signe d’Alidoro le magicien, deviendront des jets d’eau magnifiques : jaillissement vers le ciel, image visuelle aquatique de l’image acoustique du feu d’artifice de ces airs jaillissants, bondissants de vocalises cristallines, crépitantes, aériennes. Une calèche qui passe est l’autre signe du carrosse absent (images vidéo de Gilles Papain). Comme par magie aussi, à vue, les portants tournés nous transportent à l’intérieur du palais, perspectives d’arcades sur un jardin peigné, qui renforce la folie décoiffante, croissante du crescendo de « Monsieur vaccarmini » où même les colonnes se mettent à avoir le tournis dans les lumières oniriques de Marc Delamézière. De la sorte, la réalisation rattrape l’absence de féerie du livret, et nous délecte de la cocasserie des personnages comiques, Don Magnifico et Dandini.

L’interprétation
Dès l’ouverture (en fait celle de La Gazzetta) le chef Roberto Brizzi-Brignoli adopte un tempo gai, guilleret, d’une vivacité acide, incisive pour les cordes, faisant fuser les flûtes ironiques, jaser les vents légers et railleurs, pinçant les pizzicati avec un humour tonique et dynamique qui ne se démentira jamais, un rythme vertigineux, époustouflant, essoufflant, pressant, oppressant sans doute les chanteurs par ce train d’enfer : un champagne pétillant en continu qui saisit d’une certaine ivresse.
Après les pépiements des pécores en papillotes, les hystériques sœurs (plaisantes et ravissantes Caroline Mutel et Julie Robart-Gendre) en dessous de petites filles pas modèles, la chanson au ton archaïsant, d’Angelina, la Cenerentola, est une nostalgique parenthèse de paix que nous offre Karine Deshayes dans la rondeur médiane de sa voix qui émousse de sa douceur les arêtes des angles aigus des deux autres : joli contraste vocal. De ce rôle écrasant où elle chante presque en permanence, elle se tire avec une aisance parfaite à quelques inégalités près de volume trop fort du haut médium, grimpant apparemment sans effort les redoutables vocalises joliment perlées, admirable d’agilité et atteignant le terrible rondeau final, apothéose vocale et pyrotechnique sans trace de fatigue. Tout en elle dit vocalement et charnellement une rondeur humaine, une bonté qui rend déchirante, sous les effets théâtraux comiques, la scène où son père impitoyable la repousse à chaque reprise de l’air.
Auprès d’elle, mince, élégant, un air espiègle d’enfant, Manuel Núñez-Camelino en Don Ramiro est un Prince vraiment charmant, ténor di grazia dont la voix mûrira encore mais qui déploie avec sûreté, dans des airs hérissés de vocalises meurtrières, une sûre technique du beau chant. En Alidoro, philosophe et magicien, Maurizio Lo Piccolo, déploie la beauté sombre d’un timbre séduisant, rond, moelleux, expressif. Naturellement, Rossini ne serait pas Rossini sans personnage bouffe et ici, ils sont deux, également bien traités : Dandini, le valet travesti en Prince, c’est Lionel Lhote, parfait comédien et chanteur, se jouant largement des terribles accélérations du chant, faisant la paire avec l’autre comique, le père à la fois cruel et ridicule, Don Magnifico, un Franck Leguérinel inénarrable, jonglant aussi avec ces mêmes pièges rossiniens ces passages de volubilité véloce, jubilatoires pour le public mais délicate prouesse pour l’interprète : deux grands bonhommes.
Les chœurs d’hommes dans cette œuvre aux femmes remarquables mais minoritaires, sont conduits, en maîtresse, par Aurore Marchand.

Opéra d’Avignon, 21 et 23 mars 2010
 La Cenerentola de Rossini
Orchestre Lyrique de Région Avignon Provence, direction : Roberto Brizzi-Brignoli ; chœurs de l’Opéra et des Pays de Vaucluse (Aurore Marchand).
Mise en scène : Charles Roubaud ; décors : Emmanuelle Favre ; costumes : Katia Duflot ; lumières : Marc Delamézière ; vidéo : Gilles Papain.

Distribution :
Angelina : Karine Deshayes ;  Clorinda : Caroline Mutel ; Thisbe : Julie Robard-Gendre ;  Don Ramiro : Manuel Núñez-Camelino ; Don Magnifico : Franck Leguérinel ; Dandini : Lionel Lhote ; Alidoro : Maurizio Lo Piccolo.

Photos Cédric Delestrade/ACM-Studio/Avignon :
1. K.  Deshayes,  Cendrillon toute en douceur ;
2. M. Núñez-Camelino , Prince charmant ;
3. Les sœurs, le père e les deux amoureux ;
4. Finale doré.

STREET SCENE



STREET SCENE
Musique de Kurt Weill,
livret d’Elmer Rice,`
Opéra de Toulon
Création française

Même sans le savoir, tout le monde connaît quelque air de Kurt Weill, ne serait-ce que des extraits de L’Opéra de quat’sous (Die Dreigroschenoper), pièce de théâtre musical de 1928, sans doute l’obsédante rengaine de Mackie Messeur, Mac le Surineur, popularisée par d’innombrables versions mondiales. Les connaisseurs de théâtre connaissent aussi sa collaboration fructueuse avec Bertolt Brecht avant et après leur fuite du nazisme aux Etats-Unis (où s’était aussi exilé Schönberg) : leur collaboration y donna encore deux œuvres puissantes Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny et Les Sept Péchés capitaux. Les mélomanes n’ignorent pas ses qualités musicales, son utilisation efficace d’effectifs instrumentaux réduits, la sécheresse cinglante de sa rythmique, son harmonie concise qui n’ignore rien de la palette musicale de son temps ouverte à toutes les musiques.


L’œuvre

Avec cela, on méconnaît ici ses ouvrages américains, souvent pour  Broadway. En tous cas, Street Scene (1947), œuvre majeure sinon son chef-d’œuvre, demeurait inédit chez nous et il faut remercier l’audace bien mesurée de la programmation de Claude-Henri Bonnet, directeur de l’Opéra de Toulon pour en avoir assuré la création en France.
 L’œuvre, son sujet, tiré par Elmer Rice d’un de ses pièces (1929), reste dans la continuité de la critique sociale antérieure de Brecht-Weill et dépasse par là le cadre de la comédie musicale où on la range faute de pouvoir lui assigner une catégorie précise dans notre pays obsédé d’étiquettes, dérangé face à tout ce qui bouscule les genres. Or, Weill use librement de la liberté américaine guère assujettie aux traditions fixistes : cette pièce est théâtre en prose, drame lyrique en vers (de Langston Hughes) dans un « melting pot » musical savant et populaire, américain et européen (on sent Puccini et Gershwin, blues, jazz, très présents), tout en demeurant très personnel. Enfin, les scènes de danses requièrent aussi une maîtrise lyrique et chorégraphique des acteurs-danseurs-chanteurs, auxquels nous a habitués le cinéma musical hollywoodien, que l’on ne voit guère de ce côté-ci de l’Atlantique aux genres et compétences artistique cloisonnés. En cela, c’est bien une œuvre américaine. Il est vrai qu’avec une quarantaine de personnages, exigeant de tous une parfaite maîtrise de l’anglais américain,  cette Ouvre n’est pas aisée à monter ici
Le passage du dialogue parlé au chanté se fait avec un naturel qui renvoie, bien sûr, au cinéma mais qui n’a pas rompu avec ce que Brecht appelait la « distanciation », une façon de rappeler au public, entre autre par des « songs », que nous ne sommes pas dans la réalité, quel que soit le réalisme des situations, mais face à une situation entre l’éthique et l’esthétique : le politique.
Cette « scène de rue » est une tranche de vie populaire au mois de juin (la chaleur explique que tout le monde soit dehors) à New York, d’abord dans un unanimisme à la Manhattan Transfer  de Dos Passos (ensembles, chœurs d’enfants) qui, dans le décor urbain, plante un décor humain où se joueront ensuite des destins individuels qui se croisent en un espace et temps réduits. Les noms des nombreux personnages correspondent à de « melting pot » de l’époque où les diverses origines d’immigrés ne sont pas encore dans des ghettos incommunicables, cultivant leur différences : dans des situations d’égalité et, sans frontière humaine, il y a  les Wasp, blancs anglo-saxons protestants (les Jones, Maurrant, etc) les Italiens (les Fiorentino), les germaniques (les Hildebrand), les scandinaves (les Olsen), les Juifs de l’est (les Kaplan), etc. On voit le couple noir vaquant aux humbles besognes collectives (poubelles, carreaux), l’immigré italien chantant un hymne aux gelati, les crèmes glacées de l’american way of life (et de la future obésité), le rêve américain d’ascension sociale de Rose la secrétaire désirée par son patron qui lui propose une « promotion-canapé », le vieux communiste dénonçant le système (pressentiment du macchartysme), l’Américain conservateur, tyrannique, réactionnaire, la Bovary de quartier dont les rêves se sont dissout dans l’eau de la vaisselle, qui finira assassinée par son mari jaloux, la petite frappe : bref, un myriade de personnages aveuglés par les lumières du mirage américain et surtout ses ombres, symbolisés par cette bourse d’étude à une collégienne méritante, fêtée par tous, assortie de l’expulsion radicale de la famille pour non paiement de loyer, aux yeux aussi de tous, impuissants. Les commères médisantes ont le rôle d’un chœur antique dérisoire et fatal puisque cela finira par un drame passionnel de la jalousie, avec cette arme dont on ne dit nulle part qu’elle est libre d’accès dans ce pays de la liberté mortifère.
La musique adopte subtilement les couleurs de la comédie au drame et les thèmes sont présentés dans l’air nostalgique, déchirant de rêves fanés de  Mrs Maurrant et récurrent sous diverses formes tout au long de l’œuvre.
Réalisation et interprétation
Décor unique pour scène unique d’une unique rue (Valérie Jung) : le front d’un immeuble modeste pour cette immodeste New York. Éclairées diversement, des baies ouvertes où des personnages bâillent, raillent, baillent aux corneilles par une chaude nuit d’été ; côtés de ville géométrique nocturne, façades d’immeubles percés ou mieux, ouverts de fenêtres fermées, stylisation graphique de BD américaine. Le mirage américain est peut-être métaphorisé ici par le vaste néon insomniaque. Les costumes (Frédéric Olivier), sont d’une nostalgique esthétique année 50 du XX e siècle, assez New look de Dior selon Harper’s Bazaar descendu dans la rue, jupes bouffantes pour les dames, tailleurs, avec ces signes du rêve petit bourgeois des pimpants chapeaux de la respectabilité.
 La mise en scène d’Olivier Bénézech utilise habilement cet espace exigu pour tant de monde, sorte d’agora antique où se joue la comédie et le drame, avec à la fois du naturel et de sortes de plans de comédie musicale d’époque qui étagent les groupes, la foule, avec fluidité, tandis que les lumières de Régis Vigneron jouent le jeu du technicolor avec bonheur et ses ombres bleutées du cinéma de ce temps. On aime aussi ces chiens promenés, qui ajoutent au naturalisme amusé de l’ensemble.
Indubitablement, le chef Scott Stroman, connaît cette musique, en a le style et le mordant, et porte au mieux l’orchestre de l’Opéra, mais il a un tel punch, que, du moins de la place où j’étais, les chanteurs étaient souvent noyés dans les éclats d’un orchestre a tutti et de cuivre étincelants. Dans le blues, de début et de fin, Laurence Craig (le concierge) surnage heureusement de sa belle voix sombre et le nocturne poétique de Sam (le ténor Adrian Dwyer), bruissant des sons de la nuit, chant de détresse et de solitude, est miraculeux d’harmonies suspendues délicatement. Autre ténor, Joseph Shovelton est un Lippo plus italien que nature dans la célébration gouailleuse de l’Amérique des gelati, dans une amusante scène qui singe la statue de la Liberté, un cornet de glace au lieu du flambeau à la main. En Rose rêveuse, Ruby Hugues a une touchante fraîcheur et, en mère aimante, amante aux furtifs bonheurs, épouse maltraitée et victime du crime passionel, Elena Ferrari en Mrs Maurrant, d’une voix délicate exprime la force de l’échec, bouleversante en belle âme trahie par la vie. Mais, en mari et père tyrannique, réactionnaire bourru et sombre, Laurent Alvaro, voix noire et terrible, est grandiose de puissance pathétique et terrifiante. Tous les interprètes seraient à citer mais on rendra un hommage particulier au couple Amélie Munier et Djamel Mehnane, campant diers personnages, mais parfaits en primaires Mae et Dick qui chantent et dansent dans une chorégraphie très Broadway de Caroline Roëlands. Le chœur (Catherine Alligon) et celui des enfants (Christophe Bernollin), menés par s’en tirent tous aussi bien. Une audacieuse réussite.

Opéra de Toulon
Dimanche 14 mars , Mardi 16 mars
Street scene
Musique de Kurt Weill, livret d’Elmer Rice d’après sa pièce ; « lyrics » de Langston Hughes.
Direction musicale : Scott Stroman ; Orchestre, chœur et ballet de l’Opéra.
Mise en scène :  Olivier Bénézech ; chorégraphie :  Caroline Roelands ; décors :  Valérie Jung ; costumes :  Frédéric Olivier ; lumières : Régis Vigneron.
Distribution :
Anna Maurrant : Elena Ferrari ; Rose Maurrant, Miss Hildebrand : Ruby Hughes ; Franck Maurrant : Laurent Alvaro ; Willie Maurrant : Louis-Alexander Désiré.
Shirley Kaplan : Martine Favereau ; Sam Kaplan : Adrian Dwyer ; Abraham Kaplan :  Guy Flechter ;
Greta Fiorentino : Julia Kogan ; Lippo Fiorentino :  Joseph Shovelton ;  
Harry Davis : Lawrence Craig ; Miss Davis : Catherine Vitulin ;
Carl Olsen :  Paul Reeves ; Olga Olsen, Nursemaid 2 : Harriet Williams ;
George Jones, Harry Easter : Sébastien Lemoine ; Emma Jones, Nursemaid 1 :  Charlotte Page.
Charlie Hildebrand : Gaëtan Rodrigues ; Jennie Hildebrand, Mae Jones : Amélie Munier ; Daniel Buchanan : Thomas Morris ; Vincent Jones : Julien Balajas ; Dick Mc Gann :  Djamel Mehnan ; Steve Sankey : Edwin Cahill.

Photos Olivier Pastor
1. Scène de ménage entre Mr et Mrs. Maurrant ;
2. Hymne aux gelati américano-italiens ;
3. Après le meurtre.






mardi, mars 02, 2010

VALSES DE VIENNE

mardi, mars 02, 2010


VALSES DE VIENNE

 
VIENNOISERIES

Valses de Vienne
Opéra d’Avignon, le 28 février 2010

Pièce montée, de toutes pièces, valses, marches, polkas des Johann Strauss, père et fils, cette opérette met en scène un pâtissier et sa fille à marier, Rési, rétive à l’idiot d’époux qu’on lui destine, Léopold, car amoureuse de son maître de musique, Johann, le fils, qui n’a pas encore la notoriété de son illustre géniteur : rivalité père fils, et désaccord fille/père. Les auteurs, qu’il vaut mieux ne pas citer, ont écrit, prétexte musical à ce montage, un texte affligeant de platitude, de médiocre facilité, qui serait presque injurieux à la qualité de cette musique qui n’a pas pris une ride, s’il n’y avait le bonheur de voir dérider un public nombreux, très âgé, heureux d’être là, frappant des mains pour scander la marche d’entrée, applaudissant à la vue des beaux décors, arrachant bis sur bis au final, le merveilleux Beau Danube bleu que la troupe, généreuse, qui a peine à quitter le plateau, n’hésite pas à leur donner  gentiment sans se lasser. Et, rideau enfin baissé, c’est le dynamique chef Didier Benetti, qui continue à jouer allègrement pour ce public qui ne se décide pas à partir.
Bref, c’est plus une célébration joyeuse et bon enfant d’un public qui semble rarement à cette fête, qu’une œuvre scénique d’intérêt, autre que musical, vocal, et sauvée par l’alacrité des chanteurs qui s’amusent au moins à camper des silhouettes caricaturales à défaut d’être profondes,  dans une mise en scène légère, pour la lourdeur du texte, de Jacques Duparc.
Sous les lumières de Noël Lemaître, les décors, pâtisserie, brasserie, salons, arcades, galeries et balustrades, d’une jolie stylisation Art nouveau, bleutés sous deux rangées de vastes tentures bleues comme le Danube, sont agréables et, du même Henri Delannoy, les nombreux costumes, somptueux : caramel, chocolat, pistache, mousseux, feuilletés, dignes de la pâtisserie, jolis emballages aux jolis dames : Pauline Courtin, gracieuse, ravissante, timbre assorti à un physique de poupée princesse, un Tanagra lyrique ; Catherine Dune, royale, rayonnante toujours, souriante, bien chantante, irrésistible en comtesse russe saisie par la débauche pâtissière et musicale ; une pépiante Pépi, acide et acidulée, Carole Clin. Belle tierce de dames pour trio de messieurs, Raphaël Brémard, ténor, composant de clownesque façon le cocasse idiot de Léopold, Philippe Ermelier, père, fort baryton, et le magnifique Mathieu Abelli, qui a la part vocale la plus importante pour le rôle de Strauss fils. À leur côtés, une foule de personnages bien typés, dont l’inénarrable prince russe  de Jean-Claude Calon. Éric Belaud, complétait le spectacle par de jolies chorégraphies des valses pour sa troupe de l’Opéra. Un spectacle au plateau fourni dont le mérite est aussi de faire travailler un grand nombre d’artistes, qui ne sont pas toujours à la fête.


Photos : Cédric Delestrade/ACM-Studio  
1. Pauline Courtin et Mathieu Abelli ;
2. Camoin, Ermelier, Brémard;
3. Tableau final.

 

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