lundi, juillet 29, 2019

SEMAINE 29 JUILLET AU 4 AOÛT À LA ROQUE

UNE SEMAINE DE PIANO À LA ROQUE 



39 e FESTIVAL INTERNATIONAL DE PIANO DE LA ROQUE D'ANTHÉRON
DU 19 JUILLET AU 18 AOÛT 2019
 TARIFS DE  15 À 55 €
Moins de 30 ans : 15 € 



Lundi 29 juillet 2019
Centre Culturel Marcel Pagnol
17h30
Découverte d’un compositeur du XXe siècle
Florent Boffard,
piano
“Autour de Messiaen”
Messiaen : Le courlis cendré, extrait du Catalogue d’oiseaux Murail : La Mandragore
Benjamin : Shadowlines

Parc du Château de Florans
21h
Nikolaï Lugansky, piano
Franck : Prélude, Aria et Final
Debussy : Deux Arabesques
Debussy : Images, Livre II
Franck/Bauer : Prélude, Fugue et Variation opus 18 Scriabine : Études
Scriabine : Sonate n°3 en fa dièse mineur opus 2
Mardi 30 juillet 2019

Cloître de l’Abbaye de Silvacane
18h30
Shani Diluka, piano
“Carl Philipp Emanuel Bach”
C.P.E. Bach : Andante con tenerezza H. 135 C.P.E. Bach : Solfeggieto H. 220
Mozart : Fantaisie en ré mineur K. 397
C.P.E. Bach : Douze Variations sur les Folies d’Espagne H. 263 Mozart : Sonate n°8 en la mineur K. 310
Théâtre des Terrasses - Gordes
21h
Jean-Philippe Collard, piano
Tchaïkovsky : Dumka opus 59
Rachmaninov : Six Moments musicaux opus 16 Moussorgski : Tableaux d’une exposition
Parc du Château de Florans
21h
Nelson Freire, piano
Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo Kazuki Yamada, direction
Beethoven : Ouverture d’Egmont
Beethoven : Concerto pour piano et orchestre n°4 en sol majeur opus 58 Beethoven : Symphonie n°8 en fa maj. op 93

Mercredi 31 juillet 2019
Musée Granet - Aix-en-Provence
21h
Claire-Marie Le Guay, piano
Rameau : L’Enharmonique, extrait de la Suite en sol Bach/Busoni : Ich ruf zu dir, Herr Jesu Christ BWV 639 Scarlatti : Sonate en ut mineur K. 11
Mozart : Fantaisie en ré mineur K. 397
Beethoven : Sonate n°14 en ut dièse mineur opus 27 n°2 “Clair de lune” Schubert : Impromptu en ut mineur opus 90 n°1
Schumann : Arabesque opus 18
Liszt : Funérailles
Chopin : Nocturne en ré bémol majeur opus 27 n°2
Ravel : Alborada del gracioso, extraits des Miroirs
De Falla : Danse rituelle du feu, extrait de L’Amour sorcier
Dutilleux : Choral et variations

Théâtre des Terrasses - Gordes
21h
Jean-Marc Luisada, piano
Mozart : Sonate n°11 en la majeur K. 331 Alla turca Schumann : Davidsbündlertänze opus 6
Chopin : Trois Mazurkas opus 59
Chopin : Polonaise-Fantaisie en la bémol majeur opus 61 C hopin : Scherzo n°2 en si bémol mineur opus 31

Parc du Château de Florans
21h
Behzod Abduraimov, piano
Stanislav Ioudenitch, piano
Matthew Golding et Venus Villa chorégraphie et danse
Arensky : Suite pour deux pianos n°1 opus 15
Rachmaninov : Suite pour deux pianos n°1 opus 5 Fantaisie-tableaux Prokofiev : Dix Pièces de Roméo et Juliette opus 75

Jeudi 1er août 2019
Parc du Château de Florans
18h
Gaspard Dehaene, piano
Debussy : Préludes, extraits
De Falla : Danse rituelle du feu
Granados : Goyescas, extraits
Albéniz : Evocación, extrait de Iberia Premier Cahier Albéniz : Eritaña, extrait de Iberia Quatrième Cahier Ravel : Alborada del Gracioso, extrait des Miroirs Liszt : Rhapsodie espagnole
 
Cloître de l’Abbaye de Silvacane
18h30
Vittorio Forte, piano
“Carl Philipp Emanuel Bach”
C.P.E. Bach : Adieu à mon clavicorde Silbermann Wq. 66 C.P.E. Bach : Fantaisie en do majeur Wq. 59/6
C.P.E. Bach : Rondo en do mineur Wq. 59/4
C.P.E. Bach : Fantaisie en la majeur Wq. 58/7
C.P.E. Bach : Rondo en ré mineur Wq. 61/4
C.P.E. Bach : Rondo en la majeur Wq. 58/1
C.P.E. Bach : Fantaisie en fa dièse mineur Wq. 67
C.P.E. Bach : Fantaisie en do majeur Wq. 61/6
C.P.E. Bach : Douze Variations sur La Folia d’Espagne Wq. 118/9
 
Musée Granet - Aix-en-Provence
21h
Jean-Paul Gasparian, piano
Debussy : Images, Livre 2
Chopin : Polonaise-Fantaisie en la bémol majeur opus 61
Chopin : Ballades n°3 en la bémol majeur opus 47 et n°4 en fa mineur opus 52 Rachmaninov : Trois Préludes
Rachmaninov : Sonate n°2 en si bémol mineur opus 36


Château-Bas - Mimet
21h
SpiriTango Quartet
Fanny Gallois, violon
Thomas Chedal, accordéon Benoît Levesque, contrebasse Fanny Azzuro, piano
Jeudi 1er août 2019
Œuvres de Caruana, Galliano, Piazzolla...
 
Parc du Château de Florans 21h
Lucas Debargue, piano Scarlatti : Sonates
Medtner : Sonate
Liszt : Après une lecture de Dante

Parc du Château de Florans
18h
Célia Oneto-Bensaïd, piano “American Touches”
Bernstein : Ouverture de Candide Gershwin : Un Américain à Paris Gershwin : Trois Préludes pour piano Bernstein : Touches 
Vendredi 2 août 2019


Parc du Château de Florans
18h
Célia Oneto-Bensaïd, piano “American Touches”
Bernstein : Ouverture de Candide 
Gershwin : Un Américain à Paris
Bernstein :Trois Préludes pour piano  Touches
Bernstein : Danses symphoniques de West Side Story
Château-Bas - Mimet
21h
Marie-Josèphe Jude, piano
Quatuor Ellipsos, quatuor de saxophones “Amérique du Nord au Sud”
Cervantes : Danzas cubanas
Ginastera : Danses argentines opus 2
Gershwin : Rhapsody in Blue
Gershwin : Trois Préludes pour piano
Nazareth : Odeon, Eponina
Bernstein : Danses symphoniques de West Side Story 
Musée Granet - Aix-en-Provence
21h
Sélim Mazari, piano
Beethoven : Variations sur la danse russe du ballet “Das Waldmädchen” WoO 71 Beethoven : Deux Bagatelles opus 33
Beethoven : Sonate n°14 en ut dièse mineur opus 27 n°2 Clair de lune Enesco : Suite n°2 en ré majeur op. 10
Ravel : Le Tombeau de Couperin
Parc du Château de Florans
21h
Arcadi Volodos, piano
Schubert : Sonate n°1 en mi majeur D. 157
Schubert : Six Moments musicaux D. 780
Rachmaninov : Prélude en ut dièse mineur opus 3 n°2, Sérénade opus 3 n°5 Rachmaninov : Préludes en sol bémol majeur opus 23 n°10, en si mineur opus 32 n°10 Rachmaninov/Volodos : Zdes’khorosho opus 21 n°7
Rachmaninov : Étude-tableau en ut mineur opus 33 n°3 Scriabine : Mazurka en mi mineur opus 25 n°3 Scriabine : Caresse dansée opus 57 n°2
Scriabine : Énigme opus 52 n°2
Scriabine : Deux danses opus 73 Scriabine : Vers la flamme opus 72

Samedi 3 août 2019

Friche La Belle de Mai - Marseille 19h à 23h
Frank Woeste, piano
Bojan Z, piano
Parc du Château de Florans
21h
Behzod Abduraimov, piano
Liszt : Sonate en si mineur
Moussorgski : Tableaux d’une exposition

Dimanche 4 août 2019


Église Notre-Dame de Beaulieu - Cucuron 17h
Constance Taillard, orgue
Buxtehude, Frescobaldi, Sweelinck...
Cloître de l’Abbaye de Silvacane 18h30
Le Consort
Théotime Langlois de Swarte, violon Sophie de Bardonnèche, violon baroque Hanna Salzenstein, violoncelle
Justin Taylor, clavecin
Purcell, Corelli, Vivaldi, Marcello / Bach...




Parc du Château de Florans 19h
Boris Berezovsky, piano
Dimanche 4 août 2019
Bach/Rachmaninov : Prélude de la Partita n°3 en mi majeur BWV 1006 Mendelssohn/Rachmaninov : Scherzo du Songe d’une nuit d’été Schubert/Rachmaninov : Wohin, extrait de La Belle meunière D. 795 Kreisler/Rachmaninov : Liebesleid
Tchaïkovsky/Rachmaninov : Berceuse
Rachmaninov : Sonate n°2 en si bémol mineur opus 36 Scriabine : Deux Poèmes opus 32
Scriabine : Sonate n°4 en fa dièse majeur opus 30 Scriabine : Fragilité, extrait de Quatre Pièces opus 51 Scriabine : Deux Pièces opus 57
Scriabine : Sonate n°5 en fa dièse majeur opus 53 Scriabine : Trois Études opus 65
Chopin/Godowsky : Études n°1, 6 et 12 opus 10



 

jeudi, juillet 25, 2019

SINGULIER PLURIEL


SOIS UN HOMME, MON FILS

de et avec Bouchta,

direction Richard Martin

Festival OFF Avignon 2019

THÉÂTRE DU CHIEN QUI FUME

23 juillet 2019

            Singularités

            Singulier par la singularité de l’auteur et acteur, pour la première fois sur scène, qui se définit : « Je suis un homme au passé-composé féminin. » De ce « troisième genre », marginalisé familialement, socialement et politiquement, localement, nationalement, internationalement. Que dire alors dans une HLM, qui plus est, la sulfureuse Cayolle, des Quartiers nord de Marseille ? Je ne dirais pas singularité par l’évidence de la réussite de ce spectacle de cet enfant d’immigrés d’une fratrie de douze qui, surmontant tant de handicaps, après une jeunesse de galères, vole —il faut bien l’appeler— de succès en succès : Beau-frère dans ce film d’Hassène Belaïd,  directeur de casting et dialoguiste pour la série Aïcha de Yamina Benguigui,  « référent » un temps de Radio Nova à Marseille où il a croqué, nous dit-on, des scènes vivantes de son quartier Nord dans la matinale d’Edouard Baer ; je ne dis pas non plus singularité parce qu’il a publié un livre, Je voulais devenir un homme, Éditions l’Harmattan, 2017,  dont il tire ce spectacle conseillé, dirigé comme une partition de musique par Richard Martin  dans la Compagnie duquel il devient « artiste résident » au théâtre Toursky. Dans ce parcours déjà exceptionnel voir simplement de la singularité supposerait que c’est un chemin refusé ou impossible à la pluralité d’autres gens, à cette population, pauvre mais riche de potentialités, ses frères, sœurs, et compagnons de misère qu’il réussit admirablement à mettre en scène, à faire vivre par son écriture, sa parole, son jeu.

Son jeu. Car, quels que soient les enjeux extrinsèques, sociaux, politiques, moraux d’un spectacle, il ne se juge, aux yeux du critique, que par ses qualités « spectaculaires » intrinsèques qui seules peuvent permettre de parler d’œuvre d’art, délivrées des idéologies, même les mieux intentionnées, qui brouillent le message artistique par les brumes de l’émotion, même la plus légitime. Certes, fleuron du théâtre Toursky qui peut être fier de voir ainsi fleurir et justifier son action sociale dans un quartier déshérité, preuve de réussite de son charismatique directeur Richard Martin. Oublions toute idée de « discrimination positive », ambiguë qui discrimine souvent ce qu’elle voudrait « positiver » en soulignant implicitement la position supérieure, condescendante, charitable, de qui la consent.

Pluralités

Simone de Beauvoir, dans son célèbre Deuxième sexe, lançait sa fameuse sentence révolutionnaire : « On ne naît pas femme: on le devient. » Il n’y a pas de destin biologique, psychique, de naissance : c’est par un long apprentissage et tissage par la famille, l’éducation qu’on rentre, de gré ou de force, dans le moule générique donné par l’État Civil. C’est, du point de vue masculin, qu’on croyait réglé par l’Histoire phallocratique, le message que nous livre, nous délivre Bouchta sans revendication outrancière, sans militantisme, sans dolorisme, dans une constante bonne humeur qui farde bien des larmes. Là est tout son art.

Comme une épigraphe programmatique hors texte, une musique, une voix : de Gianni Schicchi de Puccini, l’air de Lauretta qui menace son père de se suicider s’il lui impose un mari contre son gré. La menace d’un mariage imposé pèse, on le découvre presque à la fin, sur les épaules fragiles du héros, mais non par le père, mais par la mère. Renversement de nos croyances : cette société musulmane immigrée qu’il nous peint par petites touches, où les hommes ont le beau rôle en apparence, n’est pas un patriarcat où règnerait un despote de père mais un matriarcat où s’impose, impériale, impérieuse, la Mère.


Icône, figure indéfinissable entre deux sexes, on l’identifiera mère, la déchiffrera, déchiffonnée de ses oripeaux, parka rouge sur robe grise, turban et foulard, assise sur le dérisoire mais solide trône d’un coffre bleu de chantier, singulier aussi mais à plurielle utilisations scéniques : massif personnage premier, personnalité tyrannique, dictant ses ordres à un fils asservi. Elle parle de la lignée mâle de la famille, qu’elle érige en modèle érectile de la masculinité : la fabrique du mâle, on le sait, est une construction maternelle à l’adresse, au dressage du fils. Son destin est tracé.

Dépouillé de ces attributs vestimentaires du pouvoir de la matriarche, Bouchta reste en légère tunique sombre, unisexe, souple comme lui, à motifs de hiéroglyphes égyptiens. De mère devenu fils, de la scène unique il va faire un lieu pluriel : miracle de l’incarnation multiple, par la magie du verbe, de sa verve, toujours lui-même et différent par le ton, la gestuelle, les expressions, il peuple le plateau d’une foule, d’un quartier, d’un monde, école maternelle, autres classes, classe réserviste du Service militaire après les trois jours à TarasCON, dont le nom sonne comme une injure.


On sourit, on rit à la fausse naïveté de sigles, d’acronymes interprétés : l’ENA, ‘École Nationale Algérienne’ ou à leur malice : la CAF, ‘Caisse de Financement Arabe’, démontré par le maigre salaire du père renforcé par les allocations familiales de familles plus que nombreuses et l’exigence de certificat scolaire, important plus que la scolarité, des enfants pour les justifier. On rit jaune à l’évocation du jour de la circoncision obligatoire, pratiquée, disons à l’emporte- pièce, par le voisin juif, même sur le petit gitan blond espagnol, dans une HLM où, finalement règne la bonne entente entre les communautés, où les flics sont compréhensifs, laissant passer les adolescents avec les cinq barrettes de shit lors du touchant enterrement du joli gitan homo suicidé, où le gardien du cimetière laisse les tristes jeunes gays, écartés de la cérémonie, honorer leur pauvre ami disparu avec des anges aux ailes cassés, rebuts, avec les fleurs fanées, du cimetière.

Avec pudeur, dignité, c’est finalement moins l’ostracisme brutal envers le troisième genre qui semble ici évoqué dans l’humour protecteur, mais les petites discriminations, le racisme insidieux au quotidien quand on cherche un boulot où le faciès fait défaut, faute, souvent délit.


Mais, finalement, pire que tout, dans une suite d’hilarantes scènes enchaînées sur le retour « au bled » d’apparentes vacances, avec la surprise de se croire revenu, erreur du « chauffeur » du bateau, à Marseille et sa Vierge de la Garde, mais non, c’est Notre-Dame de Santa Cruz d’Oran ! donc, c’est pareil ici, là-bas, « mais non, il y a moins d’Arabes ici… » Et c’est l’horreur du mariage arrangé imposé sans connaître la mariée, voilée (dévoilée, tête de divorce), la nuit de noces que les invités vampires veulent de sang, celui de la défloration de l’épouse vierge.

On se souvient du magnifique et noble poème de Rudyard Kipling, If…, ‘Si…’ , qui conditionne les qualités humaines et morales qu’il faut remplir pour mériter d’être appelé un homme : « Tu seras un homme, mon fils… » est la noble conclusion qui clôt la litanie de devoirs qui font mériter ce titre. Dans ce contexte de mariage arrangé, « être un homme », c’est donc déflorer une femme et la femme, pauvre Bouchta, entre aussi dans ce jeu de réduction des rôles : « Sois un homme ! », lance-t-elle au mari, la lancinante injonction de la mère au fils. Finalement le rêve de mariage exaucé de Bouchta : la robe, le voile de mariée qu'il ose arborer sur sa tête, mais comme entrant dans le cercueil de ce coffre qui aura eu aussi toutes les fonctions.


 Et, sans revendication, sans manifeste politique, Bouchta pose, entre autres, le problème crucial de ce genre de mariage si opposé au mariage chrétien, défini par le droit canon, qui exige la libre volonté, le consentement égal de l’homme et de la femme. Sans doute autre non-dit qui surgit de ce texte souriant mais grave, jamais graveleux : si les femmes, les filles avant le mariage sont interdites aux garçons, comment font-ils leur éducation sexuelle ? En restant entre eux ? Et ce serait un crime ?

Singulier pluriel

Singularité enfin, parce que, Bouchta, seul en scène, montre que singulier ne s’oppose pas à pluriel : à lui seul il est un et multiple. Par un visage d’une mobilité extrême, des regards, des mimiques, des grimaces, une palette de nuances d’expressions physiques, de gestes, de voix, d’accents divers, art, artifice, d’un naturel confondant, il réussit le prodige, mime, imitateur, acteur toujours mouvant, émouvant, d’assumer, de subsumer au sens précis de passer du général au particulier, pour revenir de la généralité au particulier, du pluriel au singulier, la singularité de sa particularité : genre masculin ; sexe, troisième ?

Par la grâce de son jeu, de sa seule présence, Bouchta remplit paradoxalement, largement, l’exigence classiciste étroite de Boileau :

« Qu’en un jour, qu’en un lieu, un seul fait accompli

Tienne jusqu’à la fin le théâtre rempli. »

Scène et théâtre remplis, mission accomplie par un seul et grand acteur : A star is born : un acteur est né. Nous le rêvons en étoile.
Photos Candice Nguyen


THÉÂTRE DU CHIEN QUI FUME
du 5 au 28 juillet à 20h50
75 rue des Teinturiers • 84000 Avignon
RÉSERVATIONS : 04 84 51 07 48 CHIENQUIFUME.COM ET SUR TICKET’OFF > AVIGNON OFF 2019
UNE PRODUCTION DU THÉÂTRE TOURSKY INTERNATIONAL
Bouchta Saïdoun, Je voulais devenir un homme, Éditions l’Harmattan, 2017




samedi, juillet 20, 2019

« Ô temps, suspends ton vol… »





GUILLAUME TELL


Opéra en 4 actes

Musique de Gioacchino Rossini Livret de Victor-Joseph Etienne de Jouy et Hyppolyte-Louis-Florent Bis
Création : Paris, 1829

d’après la tragédie Wilhelm Tell (1804)

 de Johann Christoph Friedrich Schiller

Chorégies d'Orange

12 juillet 2019



…C’est ce qu’on s’est bien gardé de dire par prudence, malgré Lamartine et son rêve de temps suspendu, à ce Guillaume Tell, dont l’excessive longueur, malgré les coupures, furent les pépins de la fatale pomme de l’homme à l’arbalète. Rossini dont on connaît l’humour et le sens de l’autodérision, ironisait lui-même sur la longueur de son opéra : on ne lui fera pas l’injure de le contredire.
Longueurs

On est heureux de retrouver cette œuvre rare sur les scènes d’un musicien que son élégante légèreté fait passer à tort pour léger, le succès d’une poignée d’opéras-bouffes (cinq indiscutables réussites sur quatorze œuvres drôles) occultant une production totale de trente-huit opus, où dominent largement les drames, les opéras serias dans la tradition du bel canto baroque. Mais, justement, si les reprises, les répétitions, qui allongent démesurément les opéras baroques se justifient esthétiquement par l’aria da capo, dont le retour orné par l’interprète fait musicalement toute la volupté inventive, ce n’est plus forcément le cas dans ce type d’ouvrage annonciateur d’un autre genre de déclamation lyrique, où la reprise rhétorique immuable avec cabalette et chœur n’apporte guère à la musique, et rien à l’action, la freinant considérablement. Sans doute pouvait-on raboter encore un peu, usage courant à l’époque bien pratiqué par Rossini lui-même. Mais, notre temps, souvent ignorant de l’autre, voue un respect sacré à l’intangibilité de textes, les figeant dans un marbre mortel à la souple matière d’un art vivant : la sacralisation de la lettre sacrifie l’esprit qui y présidait.
Bref, on ne jouera pas non plus l’hypocrisie diplomatique ou courtisane, trop longtemps assis, malgré les coussins, sur la rudesse plus spartiate que romaine des gradins impitoyables de pierre du théâtre antique, de s’écrier et d’écrire —après coup— après les plaintes murmurées de bouche à oreille, qu’on a été longuement heureux de la soirée : l’enthousiasme final du public peut être aussi un soulagement de la fin, et s’adresse aux admirables interprètes qui le justifient hautement, qu’on peut applaudir à deux mains. Un théâtre plein, mais pour une seule soirée, n’est pas non plus un argument pour parler de succès, encore que le mérite d’un spectacle ne se mesure pas au nombre de spectateurs, critère d’une grégarisation démagogique. Non, c’était bien et bon de revoir l’homme à la pomme, au risque, inévitable, de quelques pépins.


Belle musique pour drame raté
Narration plus qu’action
On ne se donnera pas le ridicule de jouer au perroquet, savant d’emprunt, en répétant les beautés musicales de l’ouvrage qu’analyse magistralement Berlioz, par ailleurs ès maître en longueurs et langueurs, souvent sublimes : on lira ses remarques passionnantes dans le beau livre programme de la soirée, et rappelons, pour ceux qui ont besoin de cautions rassurantes, les éloges de Wagner, qui fait rarement court.
Les opéras longs abondent mais le temps y semble moins dur et moins durer quand la trame musicale en exalte le drame, soutenant la tension et l’attention. Ce n’est pas exactement le cas avec Guillaume Tell. Dès la magnifique ouverture bien connue, c’est une symphonie pastorale, alpestre, avec voix soliste et chœurs plus qu’une tragédie dont les péripéties en actes, en action, nourriraient le suspense haletant :  le poétique et pacifique ranz des vaches pastoral ayant le pas ici, sans passer outre, sans l’affronter, s’y confronter, sur le cor, la corne guerrière épique toujours lointaine, en coulisses :  pas de corps à corps, ni taureau pris par les cornes, front à front du conflit ; le choc  face à face entre le héros Guillaume et son ennemi Gessler est toujours trop différé pour soutenir l’intérêt dramatique. Bref —ou long—c’est le méchant qu’on attend, jusque-là aussi invisible que l’Arlésienne de Bizet.

C’est sans doute là où, dramaturgiquement, le bât blesse, ou plutôt, ne blesse pas. Dans son discours de 1784 Was kann eine gute stehende Schaubühne eigentlich wirken ? (‘Quel peut être l’effet d’un bon théâtre ?’) Schiller, partisan d’un théâtre moralisateur pour révoquer la critique de Platon et rétorquer à la condamnation, pour immoralité, du prude Suisse Rousseau, tout féru de tragédie grecque et de classicisme français, Schiller donc, respecte les « lois de la bienséance » qui évacuent tout acte violent de la scène, le renvoie en coulisses, les spectateurs et acteurs n’en ayant qu’un récit et non un acte. Or, le narratif, est contraire de l’action, dont il freine la dynamique et la dynamite des explosions des antagonismes.
Ainsi, au milieu de la trop longue célébration des trois mariages, Leuthold surgit à la fin, narrant la mort qu’il a infligée à l’Autrichien violeur de sa fille : parole contre acte en coulisses. Quand apparaît son poursuivant Rodolphe, il a déjà disparu et, avec lui, l’affrontement. À la fin de l’acte II, c’est encore un récit qui narre la mort de Melchtal. Ce n’est qu’au bout de près de trois actes, au milieu du IIIe, qu’apparaît enfin le méchant, Gessler, qui n’a que sa méchanceté perverse en infligeant à Guillaume l’épreuve du tir à la pomme sur la tête du fils, pour imposer sa noirceur absolue en une seule scène, la seule vraiment dramatique de l’œuvre, encore que trop abrégée, pour le coup, par rapport à la montée progressive de la tension dramatique de la pièce originelle. Le dernier acte n’est qu’un précipité d’actions racontées, dont la mort de Gessler, même visualisée ici par son cadavre.


Réalisation et interprétation
Comme c’est devenu une habitude, pour ne pas encombrer l’immense plateau, des décors réduits au minimum (plaque tournante, chaises, estrade, cuirassé, étendards et blasons d’Éric Chevalier dans des lumières ténébreuses de Laurent Castaingt), des vidéos (Arnaud Pottier et Etienne Guiol), projetées sur l’écran du mur en tiennent lieu : d’abord une carte de l’Helvétie, des cantons, qu’un zoom plongeant matérialise en montagnes, puis forêts et lacs. On n’en peut dire grand chose : belles peut-être perçues frontalement à en juger par les photos, mais, du rang latéral de la critique, elles sont d’un flou plus impressionniste qu’impressionnant. Seule, pierre contre pierre d’un pouvoir érigé, la place, forte, du pouvoir, bien perçue en angles nets et durs avec ses aigles faussement impériales d’un empire autrichien qui n’existait pas alors.
Empire autrichien, nationalisme ?
En effet, l’Empire autrichien (Kaisertum Österreich) n’a existé, nominalement et officiellement, que de 1804 à 1867, confondu avec le médiéval Saint-Empire romain germanique, fédération politique de principautés, d’états indépendants d’Europe centrale et occidentale, principalement de Germanie et d’Italie (mais, relevant de la Bourgogne, la principauté d’Orange en faisait partie et la Suisse aussi). C’était une volonté de continuer l’empire carolingien de Charlemagne, lui-même à prétention de prolonger l’empire romain, devenu catholique, par définition du nom à vocation universelle. L’Empereur était élu par des princes électeurs. Il est vrai que les Habsbourg en accaparent la couronne au XVIe siècle : François Ier, candidat, échouera à se faire élire face à Charles I d’Espagne, devenu Charles Quint d’Allemagne. Après le sacre de Napoléon Ier en 1804, le dernier empereur romain germanique, François II, dissout l’Empire en 1806 et se proclame empereur d’Autriche.
Mauvaise image des empires, c’est sûr, surtout en 1829 après l’impérialisme napoléonien qui fait éclore les malheureux nationalismes du XIXe siècle que le XXe a payé cher et qui menacent encore. Mais l’honnêteté historique oblige à dire que l’on doit à l’Empire romain la seule longue période de paix, la pax romana, du premier au second siècle de notre ère, que l’Europe n’a retrouvée qu’avec son union, dépassant ses frontières, depuis 1957. C’est dire si l’idéologie nationaliste est à manier avec prudence aujourd’hui. Exclusif, enclos dans ses frontières et la haine des autres, le nationalisme est à distinguer du sentiment patriotique, amour inclusif des siens qui ne rejette pas les autres. Dans l’œuvre, on voit bien que c’est l’amour, comme dans Roméo et Juliette, incarné par Arnold et Mathilde, qui permet ce pacifique dépassement de la haine nationaliste pour aller vers l’Autre.

Jean-Louis Grinda prend l’ouvrage dans sa littéralité, la lutte d’un peuple pour la liberté contre ses suzerains comtes Habsbourg, l’alliance entre les cantons d’Uri, Nidwald et Schwitz, qui donnera son nom à la Suisse à laquelle le Serment de Grütli de 1291 donne naissance et conscience.  Ce n’est pas traité au niveau d’une réflexion politique par ailleurs bien difficile à matérialiser, il faut le reconnaître, le simplisme des personnages en noir ou blanc, sauf le couple amoureux n’y contribuant guère.
Il a sans doute assez de la gageure, du défi que de mettre en scène et place en ce lieu démesuré cette œuvre plus statique que dynamique. Elle est nourrie en foule de chœurs redoublés de l'Opéra de Monte-Carlo et du Capitole de Toulouse (et l’on saluera la coordination chorale de Stefano Visconti). S’ajoute avec bonheur le Ballet de l'Opéra Grand Avignon : entre les chanteurs choristes et les danseurs, il y a une belle osmose grâce à la chorégraphie d’Eugénie Andrin qui donne l’illusion que tout le monde chante et que tous dansent. C’est d’un très bel effet : la nuée d’enfants, tendre envol d’oiseaux fragiles, ajoute sa grâce aux réjouissances adultes. Dans l’acte III, la scène antithétique de foule et de massacre, avec viol et violence sur des jeunes filles symbolisant la Suisse, en est un sombre rappel. C’est finalement cette pulsation chorégraphique bien conçue qui donne au spectacle un dynamisme que le drame n’en pas en soi.

Belles images aussi, l’apparition de rêve d’Annick Massis, amazone bleu sombre sur cheval blanc ; le cercle tournant, les chaises vides devenant prie-Dieu pour le magnifique trio de ferventes voix féminines, Mathilde, Hedwidge et Jemmy, puis occupées par la vague de femmes, fatales victimes de la fureur des hommes.
Aidé par son fils, Guillaume Tell labourant à la force de son dos son lopin de terre, est désigné sans doute comme un nouveau Cincinnatus n’abandonnant son champ que pour sauver la patrie et y revenant humblement sitôt l’exploit accompli. L’image naïve de la petite fille semant à la fin le sillon tracé au début par le petit garçon ne messied pas à cette idylle, à cette pastorale d’un Schiller tourné vers l’Antique, presque virgilienne par l’exaltation de la bergerie et de l’agriculture, répondant aux Bucoliques et Georgiques de Virgile : il y manque, par sa moindre proportion, l’épopée de l’Éneide de la trilogie poétique répondant aux trois styles rhétoriques, moyen, bas et sublime, qui seront le modèle du classicisme européen, encore que l’orage, la convulsion de la nature relève de ce de dernier, pourtant glosé dans une dissertation par le dramaturge allemand.

         Dans l’académisme accablant de déjà vu depuis cinquante ans du mélange d’époques, les solides costumes aux teintes terriennes (Françoise Raybaud) traversent des âges indéfinis : indémodables robes paysannes des femmes à difficile assignation historique ; fils de Tell en jaquette XVIIIe siècle et autres personnages vêtus de gilets et pèlerines à la mode du temps de Schiller, Mathilde en belle tenue amazone à l’image viscontienne de Sissi, soldats autrichiens en redingote et képis XIXe siècle sur une sorte de cuirassé, (humoristique image d’une marine suisse ?) peut-être pour assimiler la défaite des Autrichiens à la fin de l’Empire d’Autriche ? Il faut reconnaître alors que ce n’est pas une vaine victoire de l’arbalète contre des fusils !

         Pas une faille dans la distribution où dominent les voix sombres parmi les hommes mais, d’entrée,  le ténor Cyrille Dubois en pêcheur filet en main pour pêcher sa belle, nous berce d’une barcarolle dentelée de douces vocalises, invitation amoureuse au voyage, pleine de grâce, qui sonne délicatement comme un adieu ému de Rossini à une tessiture qu’il a chérie dans ses œuvres ; baryton, Julien Véronèse, arrive, éperdu, perdu dans le drame qu’il vient de vivre en père vengeur et campe et décampe un sonore Leuthold dont l’angoisse est aussi palpable que l’arrogance de lame froide du ténor Philippe Do en officier Rodolphe, l’exemple du parfait serviteur exécuteur, sans état d’âme, de ses maîtres. Large voix un peu mouvante mais émouvante, basse, Philippe Kahn est le parfait patriarche Melchtal, l’image de l’Ancien inventée par Rousseau qui haïssait la jeunesse et pétri et pétrifié par la phase —sinon vraie face— vertueuse de la Révolution française dans ses modèles antiques livresques du vieillard soi-disant dépositaire de la Sagesse : bref, moralisateur et radoteur. Autre basse, Nicolas Cavallier, avec toute son élégance, cavalière littéralement, est malheureusement pour nous un épisodique Walter conspirateur. Dernière et première basse, Nicolas Courjal, en méchant Gessler : sa sombre voix souvent nuancée de tendresse, est ployée ici, employée, non sans humour sans doute pour lui, à la noirceur intégrale d’un héros digne des palpitants romans gothiques et sadiens, ondes sombres, inverses et adverses, du Siècle des Lumières. Seul personnage un peu complexe, Arnold, est incarné par le ténor Celso Albelo qui passe par divers états affectifs, ami gêné de son amour pour une Autrichienne, amant heureux puis déchiré, fils douloureux et patriote indigné appelant aux armes, avec la même crédibilité vocale dans des airs du meilleur Rossini qui vont de l’élégiaque aveu amoureux intimiste à la vaillance du héros appelant à la révolte, beauté du timbre, sûreté des aigus, pureté des nuances.

         Côté dames, on est content d’applaudir, dans le rôle travesti du fils Jemmy, la jeune Jodie Devos qui tire avec vivacité son épingle, son carreau d’arbalète du jeu, avec une acuité autant scénique que vocale. Dans le rôle de la mère et femme de Guillaume Tell, Nora Gubisch déploie le sombre miel chaleureux et maternel de son timbre rond, large, aisé, qui, dans le trio déjà cité des trois chanteuses priant, s’enroule autour de l’argent de la voix de l’enfant et mêle sa douceur douloureuse à celui, onctueux, de lait tendre, d’une Annick Massis qui niche toujours, comme je l’ai déjà dit, des rossignols dans son gosier : air rêveur ou héroïque, c’est la même intelligence vocale, la même miraculeuse technique qui se joue avec naturel des pièges redoutables du bel canto rossinien, vaincus avec volupté, sans la moindre apparence d’effort, présence noble, souveraine, poétisée par son entrée, surgie d’un rêve de la forêt, sur son beau destrier, au sens précis du terme, mené de la main droite par son écuyer.
         Dans le rôle-titre, le baryton Nicola Alaimo, qu’à Marseille nous avions trouvé, en Rigoletto, dans son duo avec Gilda, un peu routinier à l’italienne, mécanique,  impose ici avec évidence sa masse montagnarde, la santé alpestre de sa voix de roc, digne écho des vallées, mythique héros de déjà stature toute prête pour la statue de pierre mais, dans la scène terrible de devoir tirer un carreau d'arbalète sur la pomme sadiquement posée par Gessler sur la tête de son fils, ce personnage monolithique trouve des accents émouvants dans ses suppliques au tyran qui brisent son imperturbable carapace, sa cuirasse caractérielle apparemment invincible. On a déjà dit la beauté des chœurs dansants.
À la tête de l’Orchestre philharmonique de Monte-CarloGianluca Capuano mène ce vaste monde du plateau et de la fosse d’une baguette souple et magistrale, certains lui reprochant d’accélérer parfois, ce dont on ne lui en voudra pas. Le vent follet se levant et soulevant les partitions malgré les rituelles épingles à linge en ce lieu, avec une chaleur qui nécessitera plusieurs fois l’intervention efficace des secouristes discrets pour évacuer des spectateurs victimes de malaise, on ne négligera pas, à Orange, pour juger orchestre, chef et musiciens, ces détails capitaux qui jaugent l’exécution humaine matérielle de la plus immatérielle des musiques. À cet égard, on ne saurait trop saluer Paulin Reynard, inconfortablement agenouillé devant le pupitre du chef durant tout ce long spectacle, pour assurer « la tourne » de la partition malmenée par les caprices du vent.

Orange, Théâtre antique,
12 juillet 2019
Guillaume Tell de Gioacchino Rossini

DIRECTION MUSICALE Gianluca Capuano
MISE EN SCÈNE
 Jean-Louis Grinda
DÉCORS
 Éric Chevalier
COSTUMES
 Françoise Raybaud
ECLAIRAGES
 Laurent Castaingt
CHORÉGRAPHIE
 Eugénie Andrin
VIDEOS Arnaud Pottier & Etienne Guiol
GUILLAUME TELL Nicola Alaimo 
MATHILDE
 Annick Massis
ARNOLD
 Celso Albelo 
JEMMY
 Jodie Devos
HEDWIDGE
 Nora Gubisch
WALTER FURST
 Nicolas Cavallier
GESSLER
 Nicolas Courjal
RUODI Cyrille Dubois
MELCHTAL
 Philippe Kahn
RODOLPHE
 Philippe Do
LEUTHOLD
 Julien Véronese
Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo
Chœurs de l'Opéra de Monte-Carlo (Stefano Visconti) et du Théâtre du Capitole de Toulouse (Alfonso Caiani)
(Coordination chorale : Stefano Visconti)
Ballet de l'Opéra Grand Avignon (Éric Bélaud)
I. Photos 1,2  et 7 : Bruno Abadie
 1. Massis à cheval ; 2. Albelo, l'amoureux.
II. Photos Philippe Gromelle
3. Guillaume et fils, labourant (Alaimo, Devos);
4. Walter (Cavallier) ;
5. Le cruek Gessler (Courjal);
6. L'épreuve e la pomme (Devos, Courjal);
7. Appel à la révolte de Guillaume (Alaimo);
8. Compassion e Mathilde fermant les yeux du tyran mort (Massis, Courjal);
9. Beauté et fureur de la nature.
Teaser du spectacle